INTRODUCTION
Oblitération
brutale (totale ou partielle) du tronc de l'artère pul ou une de ses branches,
le plus souvent par un caillot fibrino-cruorique à point de départ une
thrombose veineuse des MI.
Pathologie
fréquente qui constitue une urgence médico-chirurgicale, son diagnostic reste
difficile en raison de la non-spécificité des signes cliniques
et du polymorphisme clinique.
Apport
des examens invasifs.
DIAGNOSTIC POSITIF
Facteurs favorisants : +++
Signes cliniques : non spécifique + +
+ Début
brutal, contexte évocateur.
+ Dyspnée
(polypnée superficielle, FR > 20/min) 80 % des cas.
+ Douleur
pleurale (point de côté basithoracique, inspiratoire) 60 %.
+ Autres :
hémoptysie, toux sèche, fièvre. Syncope, Signes
de TVP
Examen clinique :
+ Signes
de retentissement droit : tachycardie, IVD (bruit de galop, reflux
hépato-jugulaire, hépatomégalie, turgescence de la veine jugulaire).
+ Examen
pulmonaire normal (parfois râles crépitant, bronchique)
+ Recherche
d'une thrombose veineuse des MI : œdème, dl du mollet, signes de Homans, ↓ du
ballottement du mollet comparativement.
Probabilité
clinique : Score de Wells ou de Genève
Score de
Wells :
Variables
prédictives |
points |
ATCD |
|
Thrombose
veineuse ou EP |
+1.5 |
Chirurgie
ou immobilisation pour fracture dans le mois |
+1.5 |
Kc
évolutif ou en rémission depuis 6 mois |
+1 |
Signes
cliniques |
|
Signes
de TVP |
+3 |
Hémoptysie |
+1 |
Fc>100
c/min |
+1.5 |
Diagnostic
alternatif |
|
absence
ou moins probable qu’une embolie pulmonaire |
+3 |
Pour
un patient donné, le score permettant l’estimation de la probabilité clinique
est obtenu en additionnant les points correspondants à chaque variable.
La probabilité
clinique est faible si le score est inférieur à 2.
Elle est
intermédiaire si le score est compris entre 2 et 6 inclus.
Elle est forte
si le score est supérieur ou égal à 7.
Une embolie est
« improbable » si le score est inférieur ou égal à 4.
Une embolie est
« probable » si le score est supérieur ou égal à 5.
Signes de
gravité :
+ Syncopes, lipothymies
+ Insuffisance cardiaque droite
+ Tachycardie > 100/min
+ Somnolence
+ Hypotension artérielle
+ Collapsus, état choc
+ Troubles de repolarisation dans tout le précordium à l’ECG.
+ Acidose métabolique à la gazométrie
Examens
complémentaires
ECG
: anomalies dans 70 % cas
+ Signes de cœur
pulmonaire
o
QRS
dévié à droite.
o
Aspect
S1Q3 (S en D1, Q en D3)
o
BBD
incomplet, onde P pulmonaire.
Radio
pulmonaire :
+ Normal + dyspnée
= très évocatrice d’EP.
+ Atélectasie en
bandes.
+ Épanchement
pleural modéré.
+ Ascension d'une
hémicoupole (surtout droite).
+ Cardiomégalie,
image d’infarctus pulmonaire.
GDS
: hypoxie + hypocapnie + alcalose resp.
D-Dimères
par Elisa :
+ Valeur prédictive négative : si <
500ng/ml élimine de façon certaine une EP.
+ Leur positivité n’est qu’exceptionnellement suffisante pour avoir une quelconque signification
Angioscanner spiralé : +++
+ Image évocatrice : Une EP se traduit par un défaut d’opacification de
la lumière vasculaire ou un défect d’un gros tronc vasculaire franc
+ Normal n’élimine pas le diagnostic d’EP.
+ Permet d’exclure l’hypothèse d’une EP si la probabilité clinique est faible ou intermédiaire
L’echocardiographie :
-
Réalisée à la recherche de signes de coeur pulmonaire aigu
- Permet une visualisation directe d’un
thrombus dans les cavités cardiaques droites ou dans les troncs de l’artère
pulmonaire.
- Les critères diagnostiques échographiques de
coeur pulmonaire aigu sont multiples : Une dilatation du VD avec un rapport
VD/VG > 0,6-0,9 étant le critère plus souvent cité
- En pratique :
La
mise en évidence d’un CPA permettra de retenir le diagnostic d’EP et d’initier
un traitement
Son
absence ne préjuge en aucun cas de l’absence d’EP.
Scintigraphie
pulmonaire de perfusion /ventilation
+ Une scintigraphie de perfusion normale élimine le diagnostic d’une EP
récente.
+ Si au moins 2 défects segmentaire de perfusion, sans
anomalies de ventilation, haute probabilité d’EP (> 85 %)
+ Les autres aspects sont classés en
probabilité faible ou intermédiaire et ne permettent pas de retenir ou
d’infirmer le diagnostic d’EP.
Echo
Doppler veineuse : recherche d'une thrombose veineuse des MI.
Son absence ne permet jamais d’exclure
une EP
La mise en évidence d’une thrombose
veineuse proximale (fémorale ou poplitée) associée à des signes cliniques
thoraciques (dyspnée – douleur) permet de retenir le diagnostic d’EP
Stratégies diagnostique non invasives
Dans les formes graves, l’angioscanner est l’examen
de 1ère intention.
Dans les formes moins graves, plusieurs études ont montré que différentes stratégies diagnostiques.
+ Dyspnée aigue : pneumothorax, OAP, crise asthme, poussée de BPCO
+ Douleur thoracique : SCA, dissection de l’aorte, péricardite (à éliminer
avant de démarrer les anticoagulants+++)
+ Etat de choc cardiogénique (IDM, tamponnade) ou non cardiogénique.
TRAITEMENT
Mesures générales
Hospitalisation
en urgence (USI si EP massive)
2 VVP ±
dobutamine et remplissage si état de choc.
Repos strict au
lit (le plus court possible),
oxygénothérapie, traitement antalgique.
Bilan pré thérapeutique :
+ Recherche des CI aux anticoagulants ou aux thrombolytiques.
+ Biologie : NFS-plaquettes, TP-TCA, iono sanguin, groupe sanguin.
Contention élastique des MI : systématique en cas de thrombose
veineuse associée.
Traitement
curatif
Traitement
anticoagulant
+++ : ↓ la mortalité et les récidives.
Mise en route, en l’absence de CI, dès la suspicion clinique d’EP.
La durée totale du traitement anticoagulant est en général de 3 à 6 mois.
Toujours
surveillance de la numération plaquettaire (avant le début du ttt, à refaire si
ttt > 1 an)
+ Héparine non
fractionnée (HNF) :
o
Bolus
IV 5000 UI puis 500 UI/kg/j en perfusion IV continu à la seringue électrique (HNF sodique, ttt de référence) ou sous cutanée x
2 ou x 3 (HNF calcique : Claciparine)
o
Ajustement
par la TCA (2 à 3 x témoin) (4 à 6 h après inj) et l’héparinémie (0,3 - 0,6
UI/ml)
+ HBPM (Innohep*
dispose actuellement l’AMM pour EP en 1 injection sous cutanée/jour) : la surveillance par l’anti Xa n’est
pas systématique, mais elle semble nécessaire chez les sujets âgés, obèses ou
ayant une insuffisance rénale.
+ Relais précoce
par les AVK (sintron*) afin de limiter le risque de thrombopénie induit par l’héparine.
o
A débuté dès le premier jour de ttt d’une EP non
grave, avec un chevauchement minimal héparine-AVK de 5 jours.
o
On commence par ¼cp (1 seule prise, le soir, horaire
régulier) et on ↑ par palier avec surveillance régulier de l’INR.
o
Arrêt de l’héparine quand l’INR est compris entre 2 et
3 lors de 2 prélèvements distants de 24 heures.
o
Ils
sont CI le 1er trimestre et le dernier mois de grossesse.
CI absolues
: hémorragie patente, AVC récente, intervention
neurochirurgicale ou oculaire récente, thrombopénie (< de 50 000
plaquettes/mm3), antécédents de thrombopénie induite par l’héparine, HTA
maligne, UGD évolutif…
Traitement
thrombolytiques :
Indication :
EP massive et hémodynamiquement instables.
Actions :
dissolution du thrombus par activation du plasminogène en plasmine qui dégrade
la fibrine.
Médicaments :
+ Urokinase
: bolus 4400 UI/kg IV puis 4400 UI/kg/h 12 heures continues.
+ Streptokinase
: 250.000 UI 30 min puis 100.000 UI/h 24h.
+ t-PA
(Actilyse) +++ : 100 mg sur 2h.
CI absolues : hémorragie active, AVC, trauma crânien ou intervention
neurochirurgicale récente, tumeur cérébral…
Embolectomie chirurgicale sous CEC :
Si EP massive, mal tolérée, avec CI ou échec des thrombolytiques.
Interruption de la VCI par un filtre :
Si CI au ttt anticoagulant, récidive d’EP malgré un ttt anticoagulant bien
conduit, systématique en cas d’embolectomie chirurgicale.
Traitement
préventif
Non médicamenteux : levée précoce en post opératoire,
surélévation des membres en cas d’alitement.
Médicamenteux : HBPM prophylactique après chirurgie orthopédique et
carcinologique, alitement et immobilisation prolongée.
Evolution
Favorable dans la grande majorité des cas sous
traitement bien conduit (scinti
15j après puis 3mois plus tard).
L’évolution vers un cœur pulmonaire chronique est rare
; on la recherche en cas d’embolie grave et/ou récidivante.
CONCLUSION
+ L’embolie pulmonaire doit être confirmée ou
infirmée le plus rapidement possible : la gravité potentielle impose un
diagnostic de certitude.
+ Le ttt repose sur une héparinothérapie précoce
avec confirmation diagnostique, relayée rapidement par les AVK. En cas d’EP
massive, la désobstruction par thrombolytique ou embolectomie doit être
discutée en cas de signes de mauvaise tolérance en l’absence de CI.
+ L’évolution sous ttt anticoagulant est favorable
dans la grande majorité des cas.
+ Le Pc dépend de l’étendu de l’embolie, du terrain, des récidives et de la précocité du ttt. Le meilleur ttt étant la prévention des MTE
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