INTRODUCTION
Erythrocytopathie
parasitaire due à un protozoaire du genre plasmodium
falciparum ; seule espèce pouvant donner un accès pernicieux palustre
potentiellement mortelles.
Le
paludisme grave ou pernicieux peut être inaugural ou fait suite à une primo
invasion négligée ou mal traitée. Il peut
survenir jusqu’à 2 mois après un retour d’une zone d’endémie (paludisme grave
d’importation).
Urgence médicale, diagnostic et thérapeutique, qui mit
en jeu le pronostic vital.
DIAGNOSTIC
Circonstances du diagnostic : Tableau d’encéphalopathie aigue fébrile
Début brutal.
Fièvre : 40-42°C.
Troubles neurologiques au premier plan :
+ Troubles de la conscience allant de l’obnubilation au coma profond.
+ Convulsions : rares chez l’adulte, fréquentes chez l’enfant.
+ Troubles du tonus : hypotonie globale le plus souvent.
+ Aréflexie tendineuse.
+ Syndrome méningé, syndrome cérébelleux éventuellement.
+ ± troubles psychiques.
L’examen clinique retrouve typiquement :
+ Une splénomégalie.
+ Une hépatomégalie.
+ Un ictère.
+ Des sueurs abondantes.
+ Une respiration stertoreuse.
Diagnostic parasitologique
de certitude
Frottis sanguin
+ Examen rapide = moins d’une
heure.
+ Diagnostic qualitatif =
diagnostic d’espèce (P. falciparum)
+ Peut être négatif si la parasitémie est faible.
Goutte épaisse
+ Examen lent = 24 heures.
+ Diagnostic quantitatif =
détection d’une faible parasitémie.
+ Moins performant pour le diagnostic d’espèce.
Les deux examens sont indissociables et doivent être faits en parallèle.
Signes
biologiques d’orientation non spécifiques
Leuco neutropénie modérée, anémie.
Thrombopénie quasi
constante.
CRP ↑.
Critères de définition d’un paludisme grave à P. falciparum (OMS 1990)
Critères majeurs
Le paludisme grave se définit par la présence de
formes asexuées de
P. falciparum dans le sang et 1 ou plusieurs des 10 critères majeurs suivants : +++
1-
Coma vrai (un score de Glasgow ≤ 8) = définie le
neuropaludisme
2-
Anémie sévère (hématocrite < 15% ou hémoglobine < 5g/dl).
3-
Insuffisance rénale aiguë (diurèse < 400ml/24h + créatininémie >30mg/l)
4-
Œdème pulmonaire lésionnel ou SDRA.
5-
Hypoglycémie (< à 0,4g/l ou 2,2mmol/l)
6-
Collapsus cardiovasculaire ou état de choc.
7-
Saignement spontané et/ou CIVD.
8-
Convulsions généralisées répétées
9-
Acidose métabolique (pH < 7,25 ou bicarbonates < 15mmol/l).
10-
Hémoglobinurie macroscopique.
Critères mineurs
Ne permet pas de porter un diagnostic de paludisme
grave,
mais qui sont toujours synonymes de gravité.
1- Troubles modérés de la conscience (score de Glasgow
> à 8)
2- Hyperparasitémie > à 5 %
3- Ictère (clinique ou bilirubinémie > à 30mg/l ou 50μmol/l)
4- Fièvre > à 40 °C
TRAITEMENT
Hospitalisation
en réa ou USI
(Pc vital engagé)
Traitement curatif : Quinine (Quinimax*) en IV
En l’absence d’administration préalable de quinine ou de méfloquine, il est recommandé d’effectuer une dose de charge (16,7 mg/kg de quinine dans du SG5% en 4 h) pour obtenir une concentration efficace plus précoce.
Quatre heures après la fin de cette dose ; le ttt est poursuivi à
raison de 8mg/kg toutes les 8 h en perfusions lentes de 4 h dans du SG5%
(ou de 24mg/kg/24 h en perfusion continue à la seringue électrique) pendant une
semaine.
Une adaptation posologique est souvent
nécessaire en cas d’insuffisance rénale ou hépatique.
Relais per
os si possible : J2 - J4
La doxycycline 100mg/12h IV (clindamycine 10mg/kg/8h IV si allergie) est adjointe en cas de sensibilité ↓ à la quinine, en particulier chez des patients provenant de l’Asie du Sud-Est ou de la forêt amazonienne (hors AMM). Il est CI chez l’enfant de moins de 8 ans et la femme enceinte.
Traitement symptomatique
O2 nasale ± Ventilation artificielle
Remplissage prudent, prévention hypoglycémie
Epuration extrarénale, hémodialyse en cas d’IRA
Transfusion de concentrés érythrocytaires.
Traitement
anticonvulsivant : diazépam (Valium) 10mg IV chez l’adulte, 0,1 mg/kg chez
l’enfant.
Antipyrétiques : paracétamol (CI de l'aspirine)
Nursing (pas d’anticoagulants)
ATB empirique si infection bactérienne associée.
Surveillance :
Clinique, ECG, glycémie au doigt
La quininémie doit être dosée à la 4ème h puis quotidiennement (10 et 15mg/l ou 30-35mmol/l).
Traitement prophylactique
En cas de paludisme d’importation, une chimioprophylaxie ultérieure est
inutile.
Protection contre le vecteur (anophèle femelle) : moustiquaires,
répulsifs…
Chimioprophylaxie : adaptée en fonction de l’éventuelle
chimiorésistance en zone d’endémie (voir cours
paludisme)
CONCLUSION
La mortalité globale du paludisme grave reste
très importante, plus de 90 % des décès étant observés chez enfants, avec des
séquelles neuro fréquentes.
L’urgence thérapeutique implique la confirmation
diagnostique rapide par le frottis sanguin et la goutte épaisse. Test
thérapeutique au moindre doute.
Il faut traiter par quinine IV et hospitaliser
en réa tout accès palustre à P. falciparum qui présente des signes, même
mineurs, de gravité
« Toute
fièvre au retour d’une zone d’endémie palustre doit faire suspecter un
paludisme, même si une chimio prophylaxie correcte a été suivie ».
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