INTRODUCTION
- Tumeur neuroendocrinienne sécrétant des catécholamines (adrénaline, noradrénaline, dopamine), issue des cellules chromaffines siégeant dans 90% dans la médullosurrénale (phéochromocytome), mais parfois peut se développer aux dépens des ganglions sympathiques ou parasympathiques (paragangliome fonctionnel).
- Bénigne (90%), parfois maligne (=présence de métastases dans un tissu non chromaffine).
- Peut être d’origine génétique et s’intégrer dans différents syndromes héréditaires (Von-Hippel-Lindau, NEM2, neurofibromatose type1).
- L’expression clinique est directement liée à l’hypersécrétion hormonale, peut être paroxystique (manifestations aigues) ou permanente (HTA+++).
- Evoqué systématiquement :
Devant HTA car cause curable et mortel en l’absence de traitement.
Dans le cadre d’endocrinopathies car peut causer une décompensation mortelle lors d’une intervention chirurgicale.
- Chirurgie = seul traitement curatif.
DIAGNOSTIC POSITIF
A- Clinique :
1. ATCD : consanguinité, HTA, diabète, antécédents familiaux de phéochromocytomes, affections endocriniennes héréditaires, prise médicamenteuse (bétabloquants, méthyldopa, antidépresseurs...).
2. Circonstances de découverte :
a.Episodes paroxystiques :
- Facteurs déclenchants : intervention chirurgicale, compression de la tumeur. - HTA paroxystique + triade de Ménard (céphalées, sueurs, palpitations).
- Autres signes : flush, pâleur, douleurs, …
b. Manifestations chroniques : HTA résistante, hypotension orthostatique, hyper-catabolisme (tachycardie, thermophobie…).
c. Signes biologiques : hémoconcentration, hyperleucocytose, intolérance au glucose voire diabète.
d. Complications : crise aigüe adrénergique : HTA maligne voire mort subite, à l’occasion d’une anesthésie, accouchement…
e. Contexte d'affections endocriniennes héréditaires : NEM 2, phacomatoses…
f. Découverte fortuite : lors d’un examen radiologique ou dépistage dans les formes familiales.
3. Examen clinique : toujours faire attention lors de la palpation de la tumeur
HTA, pâleur, sueurs, palpitations, amaigrissement, asthénie, anxiété, céphalées, vomissements, troubles visuels, douleurs abdominales ou thoraciques.
B- Biologie :
Bilan non spécifique : NFS (hémoconcentration, hyperleucocytose), GAJ (intolérance ou glucose, diabète).
Bilan spécifique : Diagnostic positif
a-Dosage plasmatique :
Prélèvement le matin, à jeun, au moins 30 min après la pose d’un cathéter veineux, sujet allongé et au repos
Catécholamines plasmatiques : moins bonne que le dosage urinaire. Tests dynamiques
Méthoxyamines plasmatiques : taux normaux => éliminent phéochromocytome+++.
b-Dosage urinaire :
Sur deux ou trois diurèses de 24heures sur des jours successifs.
Recueil sur milieu acide et stockage à froid.
Interruption des médicaments pouvant interférer avec le métabolisme des catécholamines quelques jours avant le bilan.
Catécholamines urinaires.
Méthoxyamines urinaires : le plus performant pour le diagnostic.
L’acide vanyl-mandélique urinaire (VMA) : pas bon marqueur de diagnostic.
C- Imagerie :
Diagnostic topographique (après confirmation biologique) :
Echographie abdominale, TDM abdomino-pelvienne ou IRM + Scintigraphie corps entier au MIBG :
→Localiser le phéochromocytome (90% surrénalien, 10% extra-surrénalien, localisations multiples).
→Chercher d’éventuelles métastases.
D- Enquête génétique : même en l'absence d'antécédent familial
- NEM 2a (phéochromocytome, hyperparathyroïdie, cancer médullaire de la thyroïde) ou NEM 2b (phéochromocytome, aspect marfanoïde avec névromes sous-muqueux, cancer médullaire de la thyroïde) : recherche mutation de RET.
- Maladie de Von-Hippel-Lindau : recherche mutation de VHL.
- Neurofibromatose de type 1 : taches café au lait, neurinomes.
- Phéochromocytome-paragangliomes familiaux : recherche mutation des gènes SDHB, SDHD.
TRAITEMENT
A- Principes : traitement chirurgical par équipe spécialisée, lorsque la tumeur est résécable, après préparation.
B- Préparation préopératoire (7-15 jours) et per-opératoire :
Moyens : alpha-bloquants (phénoxybenzamine), bêta-bloquants, inhibiteurs calciques (nicardipine), réhydratation, clampage des vaisseaux surrénaliens, surveillance hémodynamique peropératoire.
But :
Normaliser PA et FC en préopératoire.
Prévenir les réactions liées à une décharge de catécholamines en peropératoire. Absence de complications per et postopératoire.
C- Traitement chirurgical : ablation du phéochromocytome avec examen anatomopathologique.
D- Complications péri-opératoires : par l’AG ou manipulation : poussée d’HTA, IDM, AVC => intérêt de la préparation.
E- Complications post-opératoires et Surveillance :
Risque d’hypoglycémie (-> solutés G10% + contrôle de glycémie), troubles de rythme, persistance d’HTA (-> poursuite temporaire d’inhibiteur calcique) => intérêt de surveillance en soins spécialisés postopératoires.
F- Suivi :
Risque de récidive, seconde localisation, métastase, réapparition d’HTA.
Rythme : 1semaine puis 3mois puis 6mois puis annuelle : clinique (symptômes, PA) et biologique (glycémie, métanéphrines), imagerie si biologie positive.
CONCLUSION
- Pathologie rare mais grave.
- Evoquer devant toute HTA résistante avec poussées hypertensives, HTA du sujet jeune. - Diagnostic repose sur le dosage urinaire des dérivés méthoxylés de 24h et l’imagerie.
- Chirurgie = seul traitement curatif.
- Rôle important des anesthésistes et réanimateurs dans la préparation pré- et péri-opératoire.
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